vendredi 29 mai 2009
JOUSSE, Thierry, John Cassavetes
"Le paradoxe, c'est d'être à la fois dans la moyenne et dans l'excès. Cassavetes ne travaille pas en sociologue, en observateur purement extérieur, ou même en militant d'une cause quelconque. Il n'est pas un cinéaste critique, délateur à bon marché qui désigne les coupables sans s'impliquer ou se mettre en question. Sa puissance personnelle vient de ce qu'il est à la fois dehors et dedans. Dehors comme témoin patient, rigoureux et impitoyable des débordements, des excentricités, des petites lâchetés, des mesquineries, du désarroi, de la dérive de ces petits-bourgeois piégés par un regard invisible, une caméra habile aux changements d'axes et de points de vue qui voit le quotidien sous tous les angles et toutes les coutures. Dedans parce que les corps à l'écran sont ceux du cinéaste, de sa femme, de ses amis, de sa famille, et que l'identité entre le personnage et l'acteur est totale. Parce que la caméra est au coeur de la mêlée, destituée de sa position externe, hors de tout point de vue critique trop sécurisant, basculant de l'autre côté de la scène, accompagnant jusqu'au déchaînement la crise qui se déploie devant nous." (116)
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