dimanche 12 juillet 2009

Grandrieux, Philippe, Vivement le désordre

"À l'origine, l'analyse du mouvement. Chronophotographie. Cheval, oiseaux, hommes, femmes. Ça court, ça saute, ça vole et ça recommence. Et tout de suite l'usage pornographique, car le cinéma c'est l'industrie des corps. Nos arrières-grands-mères sucent et se font mettre dans les cuisines. Odeur de soupe et de foutre, c'est l'odeur du siècle des locomotives et de l'inconscient. Les hommes sont musclés et moustachus, ils posent pour nos grands peintres, bandent secs face à l'objectif. Assemblage des corps, mise en scène, litanie des séquences, de toute évidence, le scénario du cinéma est d'emblée sadien. Pendant ce temps, Degas brosse les corps, femmes au bain, dos courbés, fesses charnues dans l'ombre noire de l'encre grasse, corps venus sous la main, corps avachis des putains, cuisses ouvertes, ventre bedonnants, corps épuisés des maisons closes, des chambres obscures."

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