vendredi 20 novembre 2009

DETREZ, Christine, La construction sociale du corps

"En même temps qu'il devient objet de sociologie, et que cède l'exclusivité de la biologie sur son étude, le corps déploie en effet la multiplication infinie de ses mises en application. Si le corps est perçu comme objet social, objet de société, objet de sociologie, le champ des investigations est vaste : support obligé de toutes les activités de l'individu, le corps est mis en jeu dans les interactions avec autrui, le travail, le sport, la santé, mais aussi dans les pratiques les plus intimes, comme par exemple l'hygiène, l'alimentation ou la sexualité." (21)

DETREZ, Christine, La construction sociale du corps

"Le corps est ainsi pris dans une dialectique qui part d'un donné naturel pour en faire un objet culturel et, comble de la culture, en incorporer à tel point les aspects les plus sociaux et culturels que ceux-ci passent, à nouveau, pour du naturel, voire pour une "seconde nature"". (20)

DETREZ, Christine, La construction sociale du corps

"Or, par les mécanismes d'incorporation, de naturalisation (Bourdieu), mais aussi d'incarnation et d'intertexuation (Certeau), les normes, qui font le corps, font également corps, deviennent naturelles." (19)

DETREZ, Christine, La construction sociale du corps

"À la suite de l'ethnologie, la sociologie, rompant d'une certaine façon sur ce point avec l'héritage durkheimien, va ainsi tenter d'envisager les mises en jeu du corps. Sur un corps perçu et pensé par les agents comme une donnée biologique, dont l'aspect naturel peut déjà être interrogé et contesté, s'appliquent des mises en pratique, autant d'usages sociaux orientés par des normes et des représentations." (19)

DETREZ, Christine, La construction sociale du corps

"Parler de constuction sociale du corps rompt ainsi avec l'expérience ontologique à la fois individuelle et commune qui contribue à poser le corps comme expression naturelle de la personne. Le corps livrerait l'individu dans sa nudité, dans cet état de "nature", qui est tantôt décrié au nom de la suprématie de l'âme, de la raison, de la culture, qui distingueraient chacune à leur tour l'homme de l'animal, ou tantôt encensé, recherché au travers des mythes rousseauistes du bon sauvage ou des exhortations plus contemporaines à retrouver ses sensations et à écouter son corps. Dans un cas comme dans l'autre, le corps et la frontière que constitue la peau seraient ainsi la démarcation concrète entre l'inné l'acquis, la nature et la culture, l'individu et la société. Contre cette évidence, l'hypothèse du corps comme construction sociale implique de penser ainsi le corps comme l'objet, l'enjeu et le produit de la socialisation, qui ferait ainsi du corps à la fois le lieu de la représentation et de la reproduction non seulement des individus, mais aussi des identités sexuées et sociales." (17-18)

DETREZ, Christine, La construction sociale du corps

"(...) la pensée du corps sépare la médecine moderne de la médecine antique, la sociologie de la psychologie et de la biologie. C'est dire que la description du corps n'est pas qu'une astuce littéraire : derrière l'énonciation et l'imposition d'une manière de voir se manifestent des enjeux de savoir et de pouvoir." (16)

DETREZ, Christine, La construction sociale du corps

"Issue de l'Antiquité, la physiognomonie, cet art de lire les corps, de déceler, sous les traits du visage, la forme d'un nez, les lignes d'un front ou l'inclinaison d'un sourcil, les traits moraux, a traversé les siècles, illustrée notamment par Charles Le Brun ou Johann Kaspar Lavater et a imprégné de façon diffuse non seulement toute la littérature mais également la pensée commune et la science." (16)