mercredi 3 mars 2010
CIXOUS et CLÉMENT, La jeune née
"Dans cette inversion (de l'ordre symbolique), dans la conjonction manifeste entre la régression à l'origine et l'envers de la vie sociale, se trouvent confondus les trois figures centrales qui signifient toujours en même temps l'origine, l'exclusion, et la norme future : les fous, les sauvages, les enfants. La femme tient les trois, elle est le comble des trois : femme folle, femme sauvage, femme-enfant. Fêtes des fous, fêtes sauvages, fêtes enfantines : la femme est le personnage centre auquel renvoient les autres, car elle est à la fois la perte et la cause : encore elle, la coupable." (47-48)
CIXOUS et CLÉMENT, La jeune née
"C'était l'arc hystérique classique, tel qu'il est décrit dans les manuels : le corps arqué reposant sur les talons et sur la nuque hypertendue, les bras en demi-flexion." (La terre du remords, cité p. 40)
CIXOUS et CLÉMENT, La jeune née
"L'hystérique, la sorcière, sont plus rusées : c'est sur leur propre corps que se mine l'attaque, impliquant l'autre dans la fête, l'obligeant à voir puisqu'il en a le ''merveilleux désir'', mais l'obligeant aussi à supporter la répétition indéfinie de la crise. Donnant, donnant : spectacle contre répétition du spectacle." (38)
CIXOUS et CLÉMENT, La jeune née
"Lorsque Freud et Breuer font le récit des techniques thérapeutiques qu'ils utilisent pour soigner l'hystérie, ils racontent une lutte, la même que les inquisiteurs organisent dans des proportions européennes, contre les démons. (...)Vaincre, contraindre, adopter d'autres mesures, insister : le travail des deux cathartique, Freud et Breuer, n'est pas encore sorti du cercle magique. Freud appelle ces pratique ''un petit artifice technique''." (30)
CIXOUS et CLÉMENT, La jeune née
"Toute une séquence s'installe : les shamans acrobates, les vols de sorcières, les clowns, les crispations et scènes de corps tendu en arc des hystériques; magie, spectacle et maladie (...) Mais aussi, si l'on poursuit en rêvant : le spectacle du cirque, sa mythologie mystique, le clown crucifié, le mime tragique, et, plus loin encore, le spectacle du cinéma, né pour partie des découvertes scientifiques des frères Lumière et de savants multiples, certes, mais pour son autre partie de l'activité ludique des histrions, de Méliès, des boutiques de foire; et puis, comme un écho associatif, les femmes des films muets, expressives, expressionnistes, bouches grandes ouvertes sur des cris informulés, repris en cartons fleuris, Femmes effrayées, agressées par des somnambules, dans Caligari, violées, dans Métropolis, emportées par le roi-singe dans King Kong, femmes au contraire amazones, héroïnes androgynes, de l'autre côté de la bisexualité, et acrobates : Pearl White, Musidora. On est passé, avec le cirque, le cinéma, dans l'institution de l'hystérie : spectacle monnayant échange d'argent, maladie évanouie, juste évoquée par des relents de mythe flottants alentour, place faite à l'identification cathartique, sans contagion possible. L'histoire de la sorcière et de l'hystérique rejoint l'histoire des spectacles : fusion des jeux d'enfants avec des scènes sexuelles." (28)
CIXOUS et CLÉMENT, La jeune née
"Cette situation totale se trouve manifestée dans les mises en scène expressives autour de la sorcière, de l'hystérique : rituels de commencement, de déclenchement, attentes de la crise." (24)
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